Salutation entre motards : le signe respectif lorsqu’ils se croisent
Sur la route, la main gauche en V ne compte ni les kilomètres ni les différences : elle unit, tout simplement. Certains jours, ce geste semble tenir la poussière du quotidien à distance, comme une poignée de fraternité jetée au vent. Pourtant, tout le monde n’y a pas droit. En France, il n’est pas rare de voir des conducteurs de scooters ou de motos à trois roues passer à côté d’un salut qui, pour d’autres, tient de l’évidence. Et ailleurs, l’usage varie encore, capricieux, modelé par les habitudes régionales ou les préférences locales. Qu’on se le dise : rien, dans la loi, n’oblige à lever les doigts en passant un autre motard. Mais pour beaucoup, ce signe vaut serment. Il scelle l’appartenance et glisse, en creux, un message de solidarité.
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La salutation motarde, un code de respect et de fraternité sur la route
Difficile de rouler longtemps sans voir jaillir ce geste, discret ou affirmé, qui traverse les époques et les modèles. La salutation motarde n’a rien d’un simple tic : elle affiche, entre deux-roues, une forme de fraternité à l’ancienne, héritée de ceux qui, au début du XXe siècle, partaient avaler du bitume avec plus d’enthousiasme que de certitudes. À l’époque, la moto rimait avec liberté, mais aussi avec solitude et imprévus. Saluer l’autre, c’était déjà se reconnaître dans la même aventure.
Aujourd’hui, le fameux salut motard reste fidèle à ses origines, mais s’est affiné : la main gauche marque un V, le signe passe de custom en roadster, de touring en sportive, sans s’arrêter aux logos sur le réservoir. Le geste transcende la cylindrée, le millésime ou la couleur. Ce qui compte ? L’intention : respect, solidarité, appartenance à une tribu mouvante, dont la seule frontière est celle de l’asphalte partagé.
Voici ce que partagent, sans avoir à se le dire, celles et ceux qui saluent sur la route :
- Un code tacite qui relie tous les motards de France, au détour d’un virage ou d’un rond-point.
- Un message muet, mais compris de tous, qui circule plus vite qu’un mot.
- Un signe de reconnaissance qui vaut toutes les sirènes et tous les avertisseurs.
Ce qui frappe, c’est la simplicité de ce rituel. Il rappelle, à chaque croisement, que chaque motard porte sa propre histoire, ses souvenirs, et, surtout, ce sentiment d’être membre d’une grande famille, une famille sans frontières, mais bien réelle sur la route.
Quels sont les principaux signes que s’échangent les motards lorsqu’ils se croisent ?
Au fil du temps, le salut entre motards s’est enrichi de variantes, mais certains gestes sont devenus emblématiques. Impossible de passer à côté du fameux V, main gauche tendue et deux doigts pointés vers l’asphalte. Popularisé par Barry Sheene dans les années 1970, ce signe a conquis toutes les générations et toutes les cultures motardes. Il incarne le respect et l’esprit de corps qui animent la communauté du deux-roues.
Mais il existe d’autres façons de signifier sa présence et sa bienveillance. Chez Harley-Davidson ou Indian, par exemple, le salut se fait parfois main ouverte, abaissée vers la chaussée, une adaptation naturelle à la position de conduite ou à la forme du guidon. D’autres préfèrent un simple lâcher de guidon, rapide mais efficace, ou un hochement de tête appuyé, particulièrement utile en ville, où chaque seconde compte et où la vigilance ne faiblit jamais. Dans tous les cas, la volonté est la même : inclure, reconnaître, partager, sans distinction de marque ni de style.
Pour mieux comprendre ces différentes méthodes, voici les gestes les plus courants :
- L’appel de phare : souvent utilisé quand la main gauche n’est pas libre, sous la pluie ou dans la circulation dense.
- Le V du motard : deux doigts levés, devenu la signature universelle des motards.
- Le lâcher de guidon : geste bref, apprécié pour sa sobriété et sa facilité.
Ce rituel s’est construit sur les traces des pionniers comme William Harley ou Arthur Davidson, dont les noms résonnent encore dans le monde du deux-roues. Le geste, qu’il soit ample ou discret, porte le même message : ici, la passion et le respect roulent côte à côte.
Au-delà du geste : pourquoi ces salutations renforcent la sécurité et l’esprit motard
La salutation motarde ne se limite pas à une marque de politesse ou à une vieille habitude. Ce réflexe, qui naît presque tout seul, renforce la cohésion parmi les motards et rappelle que la route, elle aussi, se partage. À chaque croisement, un simple geste peut servir de signal d’alerte, de clin d’œil complice ou de vérification silencieuse. Saluer, c’est aussi prouver que l’on reste attentif, à soi et aux autres. La sécurité n’y perd rien, bien au contraire.
Au sein de la communauté des motards, ce code renforce l’idée d’appartenir à un collectif où l’entraide prime sur l’individualisme. Un V, un appel de phare, ce n’est jamais anodin : cela signifie souvent que tout va bien, que la voie est libre ou qu’un danger se profile plus loin. Cette coutume, née avec les premières générations de motards, a fini par devenir un langage en soi, compris sur toutes les routes.
La véritable force de cette solidarité s’exprime lors des imprévus : une panne au bord de la route, un motard arrêté, un souci mécanique. Il suffit d’un geste pour appeler à l’aide, d’un autre pour rassurer. Sur les grands axes comme sur les petits chemins, ce salut rappelle qu’on ne roule jamais tout à fait seul. Peu importe la machine, la marque ou le blouson : ce lien discret, tissé d’un simple signe, vaut tous les discours. La route, parfois impitoyable, peut aussi devenir le théâtre d’une fraternité qui ne s’annonce pas, mais se prouve, chaque jour, d’un simple V.